Le goût

Aucun. Il a disparu. L'anorexie de l'été s'est installée aidée par la chaleur, ce fut facile. Six jours que le chimie a pénétré mon corps, le retour de Lysanxia Mon Amour, juste pour dormir, d'une traite, la nuit.
La route le manque. Mes sacs sont éparpillés sur le plancher, vides.
Je goûte la descente. Ce matin, trois larmes versées pour accompagner mon réveil. Et le non-sens, ce vide, ces questions, toujours les mêmes, toujours sans réponse. Deux ans et demi que j'escaladais la pente, j'ai dû passer le pic maintenant je dévale.
Je cherche pourquoi. La réponse toujours la même, je ne suis pas là où je devrais être, je ne fais pas ce que je devrais faire. Mais où devrais-je être ? Et pour y faire quoi ?
Dressée face aux divers lieux où j'ai vécu, aux expériences traversées, aux métiers exercés, tous ces passages...tous ces apprentissages. Aujourd'hui, je veux quitter l'hexagone. Chercher ailleurs.
Après réflexion, chercher n'est pas le bon terme, c'est aller. Aller ailleurs. Tout n'est que passage.
Et aujourd'hui, je suis perdue. Certainement pas plus qu'hier mais aujourd'hui je le vis au plus profond de mes tripes comme le vide attire lorsque mes pieds sont sur le bord de la falaise de craie.
Je suis comme la poussière d'une craie, j'aimerais m'unifier pour un dessein.
Perdue pour perdue, j'en reviens à ce qui me rassure, la forêt, les arbres, la Nature. Faire l'amour sous les arbres était surnaturel. Ouvrir les paupières après avoir joui, le feuillage d'un charme en guise de ciel, le souvenir de cette image me procure la chaleur suffisante de l'élan vital de quelques instants. Et après ?
Retrouver les autres éléments rassurants, la marche à travers champs, divaguer des pieds pour laisser les divagations de la tête se promener. Marcher, droit, sans but, juste marcher. Mettre mon corps à l'épreuve, juste pour le sentir.
Et puis le Yi King, les Runes, le savoir des plantes et tout le tralala ésotérique. Quand j'en reviens à eux, je sais, comme le silence d'une alarme après son retentissement.

Comments

[Aquilon]

Oooh mais mais mais !? S'agit-il d'un texte de fiction, ou bien le vague à l'âme décrit dans ces lignes est-il aussi réel et persistant qu'il est dit ?



En tout cas, très très joli style ! Bravo !