L'ambition est le dernier refuge du raté. O.W.

J'ai eu un bref échange avec A. Deux années peut-être de silence. Je ne pense pas que cela me faisait plaisir, ce contact. Et puis... Je me suis lancée.
Difficile. Délicat. Le goût mauvais de ses mots est toujours présent quand je pense à ces années-là.
Je prends des gants pour écrire. L'échange se passe bien. Elle est d'une familiarité qui me déconcerte. Comme si nous nous étions quittées la veille. Peut-être que ma froideur marquait trop la distance. Mais elle était vraie. Et puis, cinglante, elle a coupé la conversation. Comme on claque une porte. Comme un coup de vent qui se lève et qui fait battre le volet alors que tu n'as rien senti venir.
Je me dis que A. n'a pas changé. Que cette réaction me plonge dans le marasme d'une vie vécue, une vie que j'ai enterrée. Et franchement, je n'ai pas envie d'ouvrir une porte.
Il y a des années de cela, elle a pris le parti de charger mes épaules jusqu'au point de rupture. J'ai subi sa violence physique. Et puis, je l'ai regardée s'enfoncer. Le vide qui s'est installé, je ne dirais pas que je l'ai cultivé mais je n'ai rien fait pour le combler.

Je garde de ce dernier échange comme un sale goût. Comme l'envie de tout péter. De prendre mes clefs, la bagnole et la route. Tracer jusqu'à chez elle pour gerber tout ce que j'ai amassé.
Mais même là encore, il n'y a bien que moi qui morflera. En manipulation, il y en a qui sont douées. Moi, j'ai le don de croiser leur route.

J'ai parlé de tout cela à M.. M. me dit que tout ça c'est parce qu'elle m'idéalise, que je lui renvoie ce qu'elle n'a pas vécu, ce qu'elle n'a pas osé. H'mm, c'est bien gentil tout ça, mais je ne suis pas là pour endurer la colère née des rêves brisés des autres.